
Showroom / Auditorium
L’ auditorium
A partir du moment où j’explique aux clients que l’acoustique de la salle compte pour plus de la moitié de la perception de la musique, même topo sur la qualité du courant, je ne pouvais me dérober lors de l’extension réalisée en 2008 et qui devait abriter mon futur système.
Au départ j’étais parti pour faire une pièce sous l’extension de la maison, mais avec le temps j’ai un peu changé d’avis sur ces salles dédiées, sous les toits ou dans les sous-sols. Pas sûr de maintenir le plaisir d’y aller, une petite voie me rappelant le commentaire de certains clients : « au début, on y allait tous les soirs, puis progressivement le samedi soir, puis une fois par mois et au aujourd’hui une fois de temps en temps ». Mais surtout , je dirige une autre PME qui m’occupe beaucoup et j’ai une autre passion pour le tennis et quelques autres sujets qui me prennent également pas mal de temps. Si c’est pour me faire plaisir et finir par vivre comme un ermite chez moi à côté de ma femme et de mes enfants, je ne trouvais pas ça heureux. Je respecte parfaitement ceux qui font ce choix en particulier pour leur salle cinéma, mais ce n’était pas mon truc, je voulais que cette pièce soit aussi un endroit de partage, conviviale et de passage.

Approche acoustique
Dès lors, cela voulait dire faire quelques compromis et tenir compte des autres dans la quête de mes petits plaisirs.
Ma pièce ne serait donc pas une reproduction d’une mini salle de cinéma, ni d’un auditorium.
Déjà les acoustiques de ces deux pièces ne répondent pas tput à fait aux mêmes exigences.
Et je n’ai jamais apprécié la musique dans les pièces trop amorties.
Je ne m’y sens pas bien non plus sur des longues périodes. Histoire de goût.

Un vrai espace audio-vidéo sinon rien
L’extension avait pour but de gagner en confort de vie en établissant la partie parentale au rez-de-chaussée et en pouvant disposer d’une pièce optimisée pour l’écoute de musique et le visionnage de films, accessoirement jeux des enfants et surf sur internet (les américains appellent cela une « media room » je crois).
Pour cela, la salle fera brute 8m40 par 6m70 sur 3m20 sous plafond. Une surface approximative de 56m2 qui me semble très suffisante pour une utilisation privée et pour recevoir des visiteurs et montrer le savoir-faire de Voir & Emouvoir.
Ensuite ce ne fut qu’un jeu de partis pris et ressources financières, donc d’arbitrages.
1ère résolution : le sens de la pièce d’écoute
En fait, je n’ai vraiment étudié l’organisation de la salle qu’après le gros oeuvre lancé, convaincu de la manière dont j’allais l’aménager. C’est à dire dans le sens de la longueur comme nous le voyons toujours et comme je le faisais pour l’ensemble de mes clients notamment en Home Cinéma. Mais comme le disait la pub « il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis », j’ai suivi les conseils de Jacques Fuchs de Taylor Made Systems, un partenaire technique historique, auquel je confiais vouloir privilégier la musique sur le cinéma. Pour moi l’important en HC c’est d’abord l’image. Suite à cet avis, j’ai donc fait le contraire et j’ai organisé la pièce dans la largeur. Je comprends mieux pourquoi aujourd’hui, même si certains ne partagent pas ce parti-pris.
2ème résolution : une boîte dans la boîte
Je parle ici d’isolation acoustique et notamment piéger la propagation du grave, principal problème issu des vibrations générées par les basses. Le principe est d’isoler la pièce dans une boîte ne touchant pas la structure de gros œuvre. Ainsi il s’agit d’une pièce dans la pièce. Aucun des murs, sol ou plafond n’est en contact direct avec les parpaings ou la dalle de sol ou de plafond. Les murs et plafond sont montés sur des rails tenant par des fixations ressorts acoustiques et le sol repose sur un système d’Acoustipad pour le découpler du vrai sol.
Sur les murs et plafond, l’isolation est faite d’une épaisseur d’air, puis de laine de roche et de 2 peaux de Fermacell (bien plus efficace que du BA13 en terme d’isolation et dureté…). Pour des raisons de coût, j’avais abandonné l’idée du complexe isolant plus écologique et plus efficace encore : Batiplume®… Et si c’était à refaire, je collerai une couche de Madex et greenglue entre les panneaux de Fermacell.
Pour le sol, lors de la fin de réalisation j’ai oublié le parquet massif et comme je ne voulais pas mettre de stratifié ou de carrelage, je suis parti sur un Sisal de couleur, collé sur 2 épaisseurs de plaque OSB.
A noter que pour accéder de cette pièce à la suite parentale, il y a couloir faisant office de SAS d’air entre 2 portes acoustiques
3ème résolution : le traitement acoustique
Pas trop, mais suffisamment pour gagner en confort et qualité d’écoute.
Déjà, l’utilisation du Fermacell dans cette pièce change considérablement le son et l’intelligibilité des conversations. C’est frappant lorsque l’on passe de l’ancienne maison à l’extension et bien que la salle soit plus grande et haute sous plafond.
Ce qui pose problème, c’est principalement le grave, pour cela je me suis tourné vers une référence dans le domaine, Jean-Pierre Lafond qui me fera les recommandations que j’appliquerais à la lettre. Pour autant et pour la dimension WAF, je veux garder une certaine esthétique dans ma salle en intégrant au mieux les différents éléments de traitement quitte à perdre un peu en efficacité.
Il faut dire que je n’ai pas choisi la facilité avec le sens de la pièce comme dit précédemment et que j’ai dans cette pièce pas moins de 4 baies vitrées.
Voici ce qui me semble avoir apporté le plus à la qualité d’écoute
- La nappe acoustique au plafond, au milieu de la salle : Mousse haute densité en mélanine recouverte de tissu acoustique Texaa.
- Les Bass Trap dans les coins avant derrière l’écran
- Mousse absorbante derrière l’écran acoustiquement transparent
- Diffracteurs en plâtre derrière les enceintes L/R et dans les murs arrières (l’ajout d’une grande bibliothèque pour les BD est un plus évident)
- Rideaux doublés très épais
Voulant absolument une pièce assez épurée, la présence de traitement était une priorité pour l’acoustique de la salle et je ne regrette absolument pas cet investissement. Comme j’ai l’habitude de le dire « mieux vaut un système à 20 K€ dans une pièce traitée qu’un système à 200 K€ dans une pièce non traitée ». Ne souriez pas je connais de nombreux audiophiles dans cette situation, qui ont investi des sommes folles, voir se sont endettés, mais sans pouvoir tirer la quintessence de leur matériel.
Points d’amélioration
Et si c’était à refaire aujourd’hui qu’est-ce que je changerai ou qu’est-ce que je n’ai pas pu faire à l’époque.
- Un kakemonos enroulable électrique avec une œuvre d’art pour recouvrir et masquer l’écran fixe de 4m.
- Peut-être des panneaux coulissants devant les baies vitrées et intégrant de l’absorbant…
- Des gaines en attente dans le sol et les plafonds pour intégrer plus facilement une config Atmos et des subs sous les canapés pour l’effet 4D.
- Une niche/réserve dans le sol pour abriter un ascenseur avec un écran plat (ce qui était prévu au départ avant la fabrication d’un meuble-table basse)
- Des prises RJ45 à d’autres endroits
- Une niche plus grande pour accueillir un projecteur plus gros que ceux de l’époque
- Une couche de 5cm de béton ou de sable dans le sol sous les 2 OSB avec un parquet massif et des tapis pour la finition.
- Un peu de traitement sur les portes en bois du local technique
- Plus de rangements pour les vinyles et CD ou une pièce attenante dédiée à cela
- Un peu de domotique (naïvement je me suis dit que ce n’était pas une nécessité vu comment j’avais tendance à changer de matériel et à utiliser en hifi des solutions non pilotables, mais ne serait-ce que pour la gestion de la lumière et de la climatisation… Une erreur de ma part.
- Disposer les 13 amplificateurs dans le local technique et non sur les enceintes de façon à pouvoir changer, tester d’autres références plus facilement.
- Changer les couleurs des tissus et peinture parce que ça fait 15 ans maintenant que la pièce a été faite.
Et en fait aujourd’hui laisser tomber la vidéoprojection pour passer sur un écran géant LED QSTECH 1,2 pixelpoint de 4m de base en 21/9 avec un processeur video MADVR et une voie centrale dédoublée en dessous et au-dessus de l’écran.